Point de vue du GERDDES-Afrique sur la menace BOKO Haram

9 Fév 2015 | 2015

Pour les ouest-Africains, le vrai problème du moment n’est pas d’être ou de ne pas être Charlie. Charlie est propre à l’occident et singulièrement à la France avec ses contradictions socio-culturelles. Notre solidarité avec cette réalité même objective ne peut être que de circonstance;  notre éternelle politique de la main tendue n’y est pas étrangère;  car stricto-sensu Charlie est déstabilisante pour certaines de nos régions, même si nous restons très sensibles au blasphème et aux libertés.

Chez nous nos  drames ont pour nom la LYBIE (que l’on nous a léguée), le Mali (héritage coloniale, arabo-occidental) et BOKO Haram (drame de la misère dans un contexte culturel moyenâgeux) en passe d’entrer dans l’ère des kalifa. Que faire lorsqu’on a la chance de s’appeler BENIN dans un tel contexte de dépendance socio-économique ?

Il nous souviendra que le Président de la république a annoncé une contribution béninoise de sept cent hommes aux forces africaines, elles mêmes d’environ sept cent hommes.

Sept cent hommes, c’est peu si l’on sait que les forces armées nigérianes, c’est plus de sept cent mille hommes et ça n’y fait rien alors que les forces armées nigérianes sont plus équipées que la plupart de nos armées.

Mais, le Bénin  avec sept cent hommes ? C’est peu et c’est trop à la fois. Mais avons-nous la possibilité de nous abstenir si le Nigéria souhaite une telle ingérence ? Assurément non.  En effet, si la case de notre « poumon économique » brûle, c’est un devoir  pour nous de verser notre sang à ses côtés. Notre premier devoir avec le risque que comporte une telle solidarité incontournable, c’est de nous assurer que le « puissant voisin »a donné son accord pour une telle intervention.

Evidement si par impossible le  « puissant voisin » n’est pas demandeur à cette intervention ou est réservé face à cette mobilisation étrangère, le Bénin devra être très prudent et avancer dans ce dossier à reculons. BOKO Haram n’ayant pas qu’au Nigéria ses bases et arrières bases ; les pays limitrophes du Nigéria ayant en commun les mêmes ethnies, les mêmes religions et des situations socio-économiques similaires.

Même s’il est certain qu’avec d’importants moyens militaires terrestres et aériens on peut combattre efficacement les promoteurs de « kalifa islamique» en Afrique de l’ouest, il sera difficile à moyen terme dans notre contexte socio-économique et culturel de pauvreté, d’empêcher que ne se reconstituent des cellules de terroristes du genre de ce qu’était BOKO Haram, il y a deux ans. Puisque même de simples terroristes isolés, nous n’en voulons pas; nous devons éviter  de mettre notre doigt dans cet engrenage incertain et plein de risques; le Bénin notre pays est encore très fragile.

Il est difficile en effet, de rester à l’écart de cette provocation anarchique et nous sommes tenus de coopérer, mais notre savoir faire  béninois sera de mise en attendant que nous ayons les moyens de nos obligations internationales.

Cela est une modeste contribution de GERDDES-Afrique dans un dossier épineux, nous l’avouons.

Délivré à Cotonou, le 02 Février 2015

Le Président-fondateur

Me Sadikou Ayo ALAO