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I. De la frustration à l’ ivoirité » ou comment comprendre certains ivoiriens sans les approuver.
– Comment ne pas comprendre les ivoiriens de l’ « ivoirité » même s’il nous est impossible de les approuver en raison du caractère dépassé de leur démarche?
En effet leur démarche même dépassée ressemble quelque peu à la notre qui nous coûte d’ailleurs très cher (ce que nous assumons fermement) et qui consiste à exiger que les africains fassent en sorte que leurs démarches démocratiques et économiques s’inspirent de leurs réalités économiques et socio-culturelles, en dépit de la Globalisation, afin qu’elles bénéficient d’une participation massive de nos populations qui se reconnaîtront à travers elles.
– La démarche de l’ « ivoireté » n’est que la conséquence de plusieurs décennies d’une politique intensive d’immigration, d’intégration et de favoritisme à l’égard de certains étrangers, qui en Côte d’Ivoire sont devenus des véritables références.
– Le « miracle ivoirien » doit beaucoup à cette politique, tant et si bien que les lobbies anti-étrangers qui transcendent les partis politiques des années « Houphouets », bien que actifs, ont dû garder un profil bas.
– La crise économique perceptible dès la fin des années 70 a mis du grain à moudre dans les moulins des adeptes de l’ivoirité. La réalité de cette crise veut que les « sans noms » qui se « croient » des ivoiriens authentiques ont du mal à trouver du travail alors que les salaires lorsqu’il y a du travail, sont des salaires de misère. Il est aussi vrai que certains ivoiriens dit d’adoption privilégiés de la période Houphouetiste continuent de donner l’impression d’un opulence ostensible.
– Les exploitations de cette situation par les successeurs de l’illustre Président disparu, n’ont été qu’une récupération politique uniquement pour se maintenir au pouvoir en poursuivant la même politique de frustration au lieu de relancer l’économie et de remettre le Côte d’Ivoire au travail.
Les slogans utopiques du genre de l’ivoirité ne peuvent que desservir la Côte d’Ivoire dans une Afrique de l’Ouest qui recherche son intégration ; la Côte d’Ivoire étant de surcroît le principal vendeur d’un marché dont elle ne peut se passer. La, Côte d’Ivoire comme certains de nos pays est un pays carrefour et l’immigration ainsi que l’intégration font partie de son histoire. Elle se doit de les assumer intelligemment pour ne pas créer des citoyens de secondes zones et pour ne pas exacerber le régionalisme qui mine tous nos pays.
Si l’ivoirité se justifie humainement, elle paraît aujourd’hui dépassée et inapplicable dans la plupart de nos pays décolonisés dont les populations ont tout à perdre dans de telles références.
II. Peut-il y avoir une immunité des délits commis dans la lutte contre l’impunité ?
La décennie qui s’est achevée avec l’avènement du 3è millénaire, a été riche dans notre lutte pour faire progresser la démocratie. Les activistes de la démocratie ont aussi beaucoup appris non seulement dans leur lutte contre les « autres » mais aussi dans leur combat fratricide.
Pour les uns, il n’y a de démocratie que dans l’alternance politique ou les élections qui conduisent à cette alternance quel qu’en soit le coût social. Bien évidemment ceux qui pensent autrement sont diffamés d’être « vendus aux pouvoirs en place. »
– De même cette décennie a mis en exergue certains crimes politiques et de droit commun (économiques et de sang) dont plusieurs sont restés impunis. Des espoirs de poursuites heureusement ont commencé ça et là grâce aux initiatives variés des activistes des Droits de l’homme et de la démocratie. Certains de nos amis ont même utilisé des démarches extralégales se faisant ainsi reprocher des délits et des crimes et donnant au passage l’impression de chercher à prendre le pouvoir par la force. Bien sur, pour ces infractions, ils n’entendent être l’objet d’aucune poursuite au nom d’une certaine immunité qu’ils refusent aux autres. La solidarité ici nous a posé beaucoup de problèmes et nous a même divisé, dans la mesure où nos amis n’ont jamais cru devoir accepter nos conseils de modération et de conformité à la légalité.
– Ce message à nos membre et sympathisants est peut être l’un des derniers que je vous adresse en qualité du Président exécutif de notre Groupe après dix années de bons et loyaux services. L’alternance en effet chez nous au GERDDES Afrique jouera bientôt et ma qualité du Président fondateur ne m’empêchera pas de passer la main.
Merci et bonne et heureuse année 2000, chers amis.
Délivré à Cotonou le 23 Mars 2000
Par Me Sadikou Ayo ALAO
Président – Fondateur du GERDDES Afrique
Président – Fondateur du GERDDES Afrique